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Fade Bite a rencontré WILFRID LUPANO !

Notre ami Fade Bite(1) a lu tout Lupano. Les Vieux fourneaux, Le singe de Hartlepool, L’assassin qu’elle mérite, ... pas moins de 20 séries en tout. Il n’a pas tout compris, bien sûr, mais ce qu’il a découvert l’a profondément choqué. Aussi a-t-il beaucoup insisté pour qu’on le laisse questionner l’outrecuidant scénariste. On a accepté, ça lui apprendra.

Fade Bite : C’est pas pour dire, mais dès votre première série, Little Big Joe, vous perturbez tous les codes familiers du western : le cowboy est un nabot myope, le révérend est alcoolique et le médecin passe plus de temps sous les jupes de ses patientes qu’au chevet de leurs maris. Dans ces conditions, comment le lecteur peut-il encore être sûr de ce qu’il achète ?

Wilfrid Lupano : Il ne peut pas. N’étant moi-même pas du tout sûr de ce que je fais, je trouve normal que le lecteur, par solidarité, soit aussi paumé que moi. Il n’avait qu’à mieux travailler à l’école, le lecteur. Il ne se retrouverait pas aujourd’hui à lire des petits illustrés, à l’âge qu’il a. Que le lecteur balaye un peu devant sa porte.

F.B. : Hum. Dans Alim le tanneur, un homme du commun détient la preuve matérielle que le culte rendu au prophète Jésameth n’est qu’une vaste supercherie et se voit accusé d’hérésie par les gardiens du temple. Remettriez-vous donc en cause l’authenticité des textes sacrés fondant nos religions ?

Wil : Ne plaisantez pas avec la religion. Vous pouvez finir écartelé, brûlé, décapité, massacré, génocidé, dissout dans de l’acide, torturé, explosé, kalachniké, voire excommunié. Restons sur une base consensuelle: Dieu est amour.

F.B. : Pourtant, Corpus Crispies narre les aventures d’une mission évangélique évoluant en Panzer dans un univers post-apocalyptique... Une œuvre inachevée (un seul tome) ; dois-je conclure que vous vous êtes repenti de vos blasphèmes ?

Wil : Pas du tout. Ce sont les éditions Soleil qui ont perdu la foi.

F.B. : Dans L’ivresse des fantômes, ce sont les dealers de drogue que vous présentez comme les victimes de flics véreux. Vous avez aussi un problème avec les gardiens de la paix ?

Wil : Les coups de matraque n’arrivent pas toujours là où on les attend. Pour garder la paix, il faut réduire l’injustice sociale, pas foutre en taule ceux qui tentent d’oublier l’injustice sociale en se faisant planer. Ça n’a jamais marché, nulle part, à aucune époque. Par contre, ça fait de très chouettes émissions sur W9 et NRJ12, qui n’auraient rien à raconter, sinon.

F.B. : Célestin Gobe-la-Lune, charismatique va-nu-pieds du XVIIIe siècle, cherche quant à lui à faire fortune en séduisant une riche héritière. Vous vous faites également l’avocat des escrocs ?

Wil : Célestin n’est pas un escroc. Il a conscience qu’il n’a que son charme pour capital de départ et il essaye de faire fructifier ce capital, comme Kim Kardashian. Ce qui m’intéressait dans cette histoire, c’était l’inversion des rôles habituellement présents dans ce genre de récits: dans Célestin, les femmes sont fortes et décisionnaires, tantôt courageuses, révolutionnaires, tantôt avides de pouvoir et dévorées par l’ambition, et Célestin n’a que son physique comme atout. Il me paraissait divertissant et un peu salutaire d’inverser cette habituelle distribution des rôles, surtout dans la BD, qui n’est pas la dernière pour véhiculer des clichés sexistes.

F.B. : Dans L’honneur des Tzaroms, sorte d’épopée burlesque « entre Star Wars et Kusturica », vous prenez la défense d’une famille de gitans intergalactiques qui ne cesse de troubler l’ordre public. Cette apologie du mode vie des « gens du voyage » ne vous semble-t-elle pas dangereuse dans le contexte actuel ?

Wil : Ce qu’il y a de bien, avec l’apologie du mode de vie des gens de voyage, c’est qu’il n’y a jamais de bonne période pour s’y adonner. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura probablement jamais. C’est donc illusoire d’attendre un contexte favorable. Rappelons que ma famille de tziganes spatiaux lutte courageusement contre deux fléaux majeurs qui menacent l’univers: le bon goût et le crime organisé. Ça a un peu plus de panache que Star Wars, série dans laquelle on a quand même mis beaucoup de moyens financiers pour mettre en scène les déboires d’une famille en difficulté: un père autoritaire, des ados rebelles, … On dirait un épisode de Pascal le Grand Frère, avec en prime des gens qui savent touiller leur café sans les mains par le pouvoir de la pensée. Ça ne fait pas un film, je suis désolé.

F.B. : Entre 2010 et 2012, vous vous attaquez au pastiche politique en cosignant les Aventures de Sarkozix avec votre éditeur Guy Delcourt. La série moque l’ex-président français depuis son entrée en fonction en l’an 1 après JC (Jacques Chiraquix) jusqu’à son duel contre Hollandix. Mais en 2015 et 2016, vous ne participez plus aux Nouvelles aventures de Sarkozix [scénarisées par Nicolas Pothier – NDLR]. Ces quatre années de hollandisme vous auraient-elles réconcilié avec Monsieur Sarkozy ?

Wil : Je n’ai jamais cessé de l’aimer, tout ce temps. Mais en secret. Nicolas, on ne le lâche pas comme ça. Nicolas, on l’aime ou on l’acquitte. Bon, en fait, je n’avais plus le temps pour la nouvelle saison. C’est tout de même beaucoup de boulot, on sortait deux albums par an. J’ai beaucoup soutenu Sarko dans son projet de revenir aux 65 heures payées 22, comme aux grandes heures du XIXème siècle, mais pas au point de donner l’exemple.

« Les leçons de morale restent plus faciles à donner quand on a le cul dans le beurre »

F.B. : Dans L’assassin qu’elle mérite, librement inspiré d’un épisode du roman À rebours de Joris-Karl Huysmans (1884), Alec se propose de « fabriquer un assassin » en tirant subitement de la misère un pauvre bougre honnête (Victor) pour l’y replonger brutalement par la suite. Le plan échoue et Victor ne tuera finalement personne. Vous admettez donc tout de même que la moralité des individus ne dépend pas seulement de leurs revenus ?

Wil : Disons que je crois pas mal à la notion de libre arbitre, en toute circonstance. Mais je n’en fais pas une religion. Je suis convaincu que les leçons de morale restent plus faciles à donner quand on a le cul dans le beurre. De ce point de vue, on pourrait dire que la moralité se conserve bien dans la matière grasse. L’assassin qu’elle mérite parle d’un sujet très actuel: la difficulté d’accepter sa propre condition de pauvre quand on est confronté à l’extrême et indécente richesse des autres. Par le passé, les pauvres avaient peu conscience des fortunes immenses de quelques-uns. Aujourd’hui, chacun y est exposé en permanence. C’est une forme de violence sociale nouvelle.

F.B. : Avec L’homme qui n’aimait pas les armes à feu, vous revenez au western détourné, pour vous en prendre cette fois à l’industrie américaine de l’armement. Compte tenu de la déliquescence actuelle des pouvoirs publics, le modèle américain, dans lequel chacun demeure libre de s’armer pour défendre sa famille et son bien, ne vous semble-t-il pas pourtant assez rassurant ?

Wil : Si, et d’ailleurs je voudrais faire remarquer que le système est encore assez hypocrite. Le second amendement de la constitution américaine autorise les citoyens à posséder et à porter des armes, et pourtant, impossible de circuler en char d’assaut de nos jours à Brooklyn ou de posséder un lance-missile à l’uranium appauvri. C’est inacceptable. On n’a pas le droit non plus de joncher son jardin de mines antipersonnel ! C’est une vraie entrave à la liberté de s’armer, car le second amendement ne fait pas de distinction entre les armes. Je pense que l’Amérique de Donald Trump va progresser sur tous ces sujets. Et j’espère que L’homme qui n’aimait pas les armes à feu y aura contribué.

F.B. : Dans Le droit chemin, c’est la vie d’un jeune voleur et de sa bande de gavroches pendant l’entre-deux-guerres que vous décrivez avec tendresse. Le respect de la propriété privée, ce n’est pas votre tasse de thé non plus ?

Wil : Si, totalement ! Et d’ailleurs, c’est pour augmenter le plaisir que ressent le propriétaire solidement claquemuré chez lui que je produis des fictions sur les voleurs. Où serait le plaisir de posséder et de s’enfermer chez soi à double tour sans le sentiment exquis de la présence du cambrioleur, là dehors, tout près ? La série devait à l’origine être plus longue, et montrer la trajectoire de ces « délinquants » sur plusieurs décennies, couvrant notamment la période de l’occupation, et s’interroger sur la notion de « droit chemin » quand l’autorité et la loi sont incarnées par le régime de Vichy et la gestapo française. Mais nous nous en sommes tenus au premier diptyque, sur les années d’avant-guerre. Le scénario de la suite est disponible, vous pouvez venir le lire à la maison quand vous voulez. En revanche, je serai dans l’obligation de vous tuer après la lecture. Mais ça vaut le coup, je vous assure.

F.B. : Euh… Azimut nous plonge dans le royaume onirique de Ponduche, où le Pôle Nord revêt la forme d’un lapin amoureux et où la belle lurette est un oiseau aux propriétés fantastiques. Cet univers évoque ceux de Lewis Carroll, Jules Verne, Alfred Jarry, Tim Burton. Des hurluberlus dont vous reconnaissez l’influence ?

Wil : Je vénère totalement les auteurs que vous venez de citer, auxquels il convient d’ajouter J. M. Barrie (Peter Pan), Maurice Richardson (Engelbrecht) et mon héros personnel, Jonathan Swift (Gulliver). Pas Tim Burton, en revanche, qui m’a beaucoup déçu dans la vie. Je ne renie pas son influence sur le monde contemporain, pourtant. D’ailleurs comment ne pas voir que c’est lui qui a réalisé la coiffure de Donald Trump ? Azimut, c’est un territoire fantasque et remuant que nous explorons à deux, avec Jean-Baptiste Andreae. C’est une exploration qui a ceci de réjouissant qu’on ne peut pas se perdre, car pour se perdre, il faut savoir où on va. Dans Azimut, les choses ne fonctionnent pas comme ça. Nous avançons fièrement, Andreae et moi, et le monde s’organise autour de nous, s’oriente, se plie, soubresaute et s’ébroue au gré de nos déambulations. L’objectif initial était d’aller voir ailleurs si on y était. Et alors que nous approchons de la fin, je suis aujourd’hui en mesure de vous le révéler: nous y sommes.

F.B. : Dans Le singe de Hartlepool, vous reprenez une légende anglaise qui raconte comment, en pleine guerre napoléonienne, des villageois britanniques plutôt confus en arrivent à prendre un chimpanzé pour un citoyen français. C’est vrai que, vu de Belgique, on a un peu l’impression qu’entre les rosbifs et les bouffeurs de grenouilles, ce n’est pas le fol amour...

Wil : Le livre parle de la facilité qu’on peut avoir à détester autrui, et cela d’autant plus copieusement qu’on n’a jamais vu cet autrui en question. C’est un sujet brûlant, qui renvoie à l’ultranationalisme va-t-en-guerre et à nos représentations de l’autre. Au passage, le livre invite aussi à se demander ce qui nous sépare du singe. La question est urgente, car il ne reste plus beaucoup de singes sur la planète, et cela pour une raison aussi simple que dérangeante: les Belges en font des fricadelles.

« Là où beaucoup de révolutionnaires ont perdu pied au moment d’exercer le pouvoir, Guevara a suivi sa propre voie »

F.B. : Je... L’homme de l’année 1967 constitue un flagrant hommage à la vie et à l’œuvre du sanguinaire guérillero Che Guevara. Encore une de vos références politiques ?

Wil : Oui, je me vautre volontiers dans l’adoration des icônes du socialisme, quand ça va mal. J’aimais bien Guevara. Pour un révolutionnaire sanguinaire, il a un parcours assez décent. Il avait de l’humour, en plus, ce qui est assez rare dans sa branche. On attend encore le recueil des vannes de Robespierre, par exemple. Là où beaucoup de révolutionnaires ont perdu pied au moment d’exercer le pouvoir, Guevara a suivi sa propre voie. Il a renoncé à l’exercice du pouvoir et aux compromissions qui vont avec et est reparti faire souffler le vent de la révolte ailleurs, pour aérer un peu la planète qui commençait à sentir très fort le renfermé. Tout ça avec un asthme méchant. Je l’aime bien, Ernesto.

F.B. : Ma révérence narre les péripéties de deux apprentis voleurs se lançant dans un « braquage humanitaire ». Vous pouvez développer le concept ?

Wil : Oui, c’est l’inverse de la figure réalisée récemment par François Fillon: il s’agit de prélever dans le magot du secteur privé (ici, un fourgon bancaire) une petite somme pour aller la redistribuer aux nécessiteux ailleurs sur la planète (ici, en Afrique). C’est de l’aide au développement, avec la paperasse en moins. Car chacun sait le poids de l’administratif dans tous les projets humanitaires ; c’est souvent un frein. Ici, donc, on va à l’essentiel. C’est une filière raccourcie, directement du producteur au consommateur. Sans violence. Enfin presque.

F.B. : Et puis Les vieux fourneaux, évidemment... De son propre aveu, Pierrot, l’infréquentable anar, passe une bonne partie de son temps à boucher les serrures des banques avec des allumettes. Vous vous êtes inspiré d’actions réelles pour imaginer les coups fourrés de vos vieillards contestataires ?

Wil : C’est la méthode préconisée par un Belge, Robert Dehoux, qui nous a hélas quittés récemment. Robert Dehoux appliquait à la lettre l’adage anarchiste qui veut que « la propriété, c’est le vol ». La propriété étant pour lui symbolisée par la serrure, il s’est employé à bousiller des serrures toute sa vie. C’est tout-à-fait réjouissant. Un petit morceau d’allumette insérée dans une serrure et paf ! La personne qui y enfonce une clé par la suite bloque tout le système. C’est très bon marché, comme acte de résistance. Ça renvoie à tout un mouvement qui vise à ralentir le système, à gripper la machine. Le luddisme, le gang de la clé à molettes, etc. Mouvements que je condamne avec une grande fermeté, bien entendu, mais enfin comme ça existe, j’en parle.

F.B. : Vous n’êtes pas moins subversif quand vous vous taisez : Un océan d’amour est un récit totalement muet où vous critiquez vertement la pêche industrielle, le dégazage pétrolier, l’industrie du plastique, ... Seriez-vous contre le progrès ?

Wil : Je suis surtout contre l’océan qui aujourd’hui pose beaucoup de problèmes. Sa capacité d’absorption des matières toxiques et plastiques semble dépassée et il constitue un véritable obstacle à la liberté d’entreprendre. C’est assez décevant de sa part, car il recouvre 70% de la surface du globe, et on pouvait s’attendre à un peu plus de résistance. Aujourd’hui, je suis désolé de le constater, l’océan n’est plus capable de s’adapter au progrès, et il va falloir penser à s’en séparer. C’est lui ou nous.

F.B. : Traquemage est une aventure d’heroïc fantasy mais, comme vous ne pouvez rien faire comme tout le monde, le preux chevalier est remplacé par un berger légèrement bas de plafond, aidé dans sa quête par une brebis cracheuse de feu et une fée alcoolique. Vous cherchez à faire enrager les rôlistes ?

Wil : Je cherche surtout à replacer la brebis à sa juste place dans la hiérarchie des créatures mythiques, car pour des raisons que j’ignore, l’heroïc fantasy a totalement tourné le dos à cet animal sublime, auquel elle a préféré des bestioles parfaitement ridicules, comme les dragons et autres balrogs, qui sont incapables de produire le moindre fromage de qualité. Traquemage est donc plus une tentative de réhabilitation de la brebis à travers la création d’un genre littéraire nouveau: la rural fantasy fromagère. Nouveau est peut-être excessif, car on peut admettre que le premier chapitre du Seigneur des anneaux, qui se passe entièrement au village des hobbits, constitue un épisode acceptable de rural fantasy. Mais c’est aussi un chapitre assez chiant, donc restons prudent.

F.B. : Dans 7 nains, vous revisitez le célèbre conte de Blanche Neige mais, sous votre plume, les nains deviennent des bouffons lubriques, et Simplet, un mongolien baveux qui passe son temps à reluquer Blanche à travers un miroir sans tain. Étiez-vous vraiment obligé de pervertir jusqu’à ce conte pour enfants ?

Wil : Il était perverti avant que j’intervienne, puisque je rappelle qu’il raconte l’histoire d’une belle-mère qui veut buter sa belle-fille parce qu’elle est jalouse de son physique, et que ladite Blanche Neige, recueillie dans la forêt par un improbable groupe de nains qui vivent entre eux, se met spontanément à leur service domestique, comme une bonne soubrette soumise et dévouée qui reprise des chaussettes. On dirait un mélange de Confessions intimes et des mini-Ch’tis à Mykonos, mâtiné de Super Nanny. Je ne me suis donc pas spécialement senti très coupable. J’ai même la prétention d’avoir composé des personnages féminins plus intéressants que ceux du conte d’origine.

« Alexandre Dumas fils n’était pas un grand auteur - la preuve: il était journaliste au Figaro »

F.B. : Dans Communardes !, vous prenez (sans surprise) le parti des insurgés et des « apôtres de l’absinthe » et vous vous offrez même le luxe d’égratigner certains noms prestigieux de la littérature, comme Alexandre Dumas fils. Vous ne respectez donc même pas les grands auteurs ?

Wil : Alexandre Dumas fils n’était pas un grand auteur - la preuve: il était journaliste au Figaro. J’ai fait ce que j’ai pu pour essayer de dresser un portrait sympathique d’Adolphe Thiers et de sa clique, mais je n’ai pas réussi. Il faut dire que je voulais parler du rôle des femmes dans la Commune de Paris, et que le camp des Versaillais était un parfait exemple de ce que l’on peut appeler l’entrecouillisme conservateur, domaine dans lequel j’ai bien du mal à libérer mon imaginaire.

F.B. : Et enfin, Le loup en slip (transposition de la pièce de théâtre interprétée par Sophie dans les Vieux fourneaux), commis en tandem avec votre compagne, Mayana Itoïz : le loup terrorise tout le monde, mais la peur ambiante permet surtout aux habitants de la forêt de vendre des alarmes anti-loup, des pièges anti-loup, des cours de karaté anti-loup, de créer une brigade anti-loup, ... Vous vous foutez de la gueule de la menace terroriste, en plus ?

Wil : En aucun cas. Ce livre ne parle absolument pas de terrorisme, c’est un livre pour enfants, qui parle uniquement de la peur de celui qu’on ne connait pas (et de ce point de vue, assez proche du Singe de Hartlepool, dans sa problématique). De la peur instillée dans la société par beaucoup de canaux, dont beaucoup ont des visées commerciales. À qui profite la peur ? Voilà l’un des sujets du livre. La peur de l’autre est un sujet vaste, et la peur de la menace terroriste n’est qu’une petite partie du sujet en question. Le loup en slip n’entre pas dans ce détail-là. Mais chacun peut en faire la lecture qu’il veut, les livres sont là pour ça. À cet égard, on peut même dire que le simple fait d’y voir une allusion à la menace terroriste est déjà inquiétant. C’est signe que les mots « peur » et « terrorisme » sont désormais indissociables. Ceci dit, on aurait tort de nier l’importance du slip dans la fantasmatique terroriste de l’occident. Ainsi, après l’explosion de l’usine d’AZF, à Toulouse, en 2001, la thèse terroriste a été d’abord privilégiée, au motif que l’une des victimes, un pauvre ouvrier d’origine maghrébine mort dans l’explosion, portait plusieurs sous-vêtements au moment du drame, et que, selon certains « « « « « « « « spécialistes » » » » » » » » ( jamais retrouvés depuis!), on pouvait lire dans la « « « presse » » » que la superposition des sous-vêtements était un rituel bien connu des djihadistes avant de mourir en martyr. Vous trouvez ça con ? Régalez-vous, c’est encore dans le Figaro (2) !

(Propos recueillis par Fade Bite retranscrits par Benoit Doumont)

1 NDLR : En réalité, Fade Bite n’est pas vraiment notre ami, c’est un collègue de Couille Molle (les noms et prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat des personnes).

2 http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/12/20/01016-20111220ARTFIG00562-la-piste-terroriste-examinee-au-proces-azf.php


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