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G-rève d’un autre monde


Les syndicats sont parfois maladroits, quelques fois perdus, souvent méprisés par le pouvoir mais ils veulent protester, défendre ce qu’il nous reste de dignité, de miettes de bien-être, de rations de survie rassies. Il m’arrive aussi, c’est vrai, de râler contre la pauvreté d’imagination des grévistes dans le choix de leurs actions, mais ont-ils vraiment le choix ?

Et que sont ces maladresses face à la poutre, que dis-je, à la montagne de billes de chemin de fer qui se trouve dans l’œil torve des Galant incompétentes, des Marghem irresponsables, des Francken déviants, des Michel enivrés, encore vivants certes (ou hélas, c’est selon), mais tellement dangereux ?

Que voulons-nous pour demain ? Des transports en commun qui n’existeront plus que dans nos misérables chambres à coucher ? Des moyens de transport réduits à peau de chagrin, privatisés et hors de prix ?

Que voulons-nous pour demain ? Une diminution drastique – et saluée comme salutaire – des pensionnés, des enfants, des travailleurs et des chômeurs par irradiation massive après quelques incidents dans nos centrales qui – oups ! – pour une fois, manque de pot, se seront passés dans la partie nucléaire des installations ?

Que voulons-nous pour demain ? Un pays sécurisé, sécuritaire, formaté, asservi, où le pouvoir décidera où et pourquoi empêcher les manifestations culturelles ? Où et comment penser ? Où et quand faire peur aux citoyens ? Des citoyens qui seront devenus silencieux, encore plus silencieux qu’aujourd’hui, par peur. Ah oui, la PEUR ! La peur de la menace, ce bâton de berger brandi fièrement par nos élus, qui nous pousse au silence. Et nous façonnons nous-mêmes le lit douillet d’un régime où nous n’aurons plus besoin de les élire, les élus, puisque nous sommes déjà vachement bien engagés (mais chuuut, surtout ne pas en parler, c’est un délire de malade) sur une pente très glissante que l’on pourrait appeler « la voie impériale vers le totalitarisme humain », comme s’en revendiquent toutes les dictatures.

Que voulons-nous pour demain à part des jeux et du pain ? Un toit, un sourire, un peu de convivialité peut-être, un peu de lâcher-prise, un peu de folie... C’est encore possible, non ?

J’aime à croire que les protestations des syndicats s’élèvent aussi un peu pour ça. Et que des gens comme eux, et d’autres, veulent nous éviter, à nous qui ne protestons pas, qu’un jour, ils viennent nous chercher et que ce jour-là, il ne reste plus personne pour protester...


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